FÉLICIEN FLORENT

Né le 9 juin 1821 à Cavaillon
Fils de Joseph-Xavier Florent, moulinier en soie, et Thérèse Florent, née Fourmont
Marié à Joséphine Fornery, le 5 octobre 1846 à Avignon
1 seul enfant : Xavier-Paul Florent (voir portrait plus bas)
Habite rue Bonneterie (Avignon) puis au 43 de la rue des Teinturiers (Avignon)


Après avoir été professeur de chimie, il aurait travaillé plusieurs années comme contremaître à l’usine de réglisse de l’Habitarelle dans la Gard où il aurait acquis toutes ses connaissances dans l’industrie du réglisse. En 1856, il est fabricant de garancine et développe son esprit d’entreprise.

Passionné, plein d’espoir et d’enthousiasme, il acquiert en 1860 le fonds de commerce de la réglisserie Deville et Chavent, située à Cantarel. (cf anecdote ci-dessous) et créé la société “Florent & Cie”. Peu fortuné, il crée une société en commandite, qui selon le code du commerce de 1807, donne droit à des personnes intéressées par une initiative industrielle de devenir associés dans cette société. Il demande aux propriétaires des lieux, M. Constantin et M.Renaux d’apporter du capital pour se lancer : bâtiments et ustensiles de fabrication.

Avant même d’être installé, Félicien Florent se met à la recherche des matières premières pour la fabrication des sucs de réglisse (Espagne, Anatolie…) avec des enjeux cruciaux : l’approvisionnement régulier et la qualité des produits. Les débuts sont difficiles et les ventes ne sont pas au rendez-vous. La concurrence est rude sur un marché qui s’est considérablement développé. L’entreprise doit baisser ses prix ce qui ne favorise pas ses finances et donc ses investissements. Il doit repenser toute son organisation et optimiser ses coûts. La fabrique se met à plus de flexibilité pour survivre. Mais, en 1863, les 2 commanditaires n’ont plus confiance et retirent leurs capitaux. La société est liquidée.

LA CRÉATION DE L’ENTREPRISE

Après l’échec de sa première tentative “Florent & Cie”, combatif, sans ressource, il recrée lui seul une autre société au nom proche : “F.Florent & Cie” avec des bois de réglisse achetés uniquement en Espagne, pour lui de bien meilleure qualité et répondant à la demande des clients. Il développe son réseau commercial, diversifie ses produits (anis, violette…) et prend une nouvelle voie prometteuse : la confiserie.

A la même époque, la consommation de sucres, cafés et produits de confiserie augmente pour aider les hommes et les femmes dans leur travail, dans les régions minières et industrielles.

Il élabore de nouvelles recettes et lance un nouveau produit : la pâte de réglisse, directement vendue à la population avec 2 goûts : nature et vanillé. Ce produit d’innovation va construire l’essor de la société.

Vendue dans des boîtes en carton de couleur verte (fabriquées à Valréas principalement), il doit passer au rouge en 1875 suite à un procès à Rouen car le vert contient de l’arsenic. Il abandonne peu à peu la production des sucs de réglisse. Il associe son fils peu à peu et quitte l’entreprise en 1883 à l’âge de 62 ans.

Il se diversifie aussi avec des activités parallèles qui elles, seront non fructueuses : le ver à soie, les conserves de tomates et même les câpres.

ANECDOTE - LE RELAIS ROUTIER DE CANTAREL

Le lieu dit de Cantarel était situé sur un ancien relais routier (années 1840) situé sur le bord de la route royale n°7 entre Avignon et Marseille.

Son propriétaire, Baudile Reynaud, s’essayait souvent à la sérénade et avait été très vite surnommé ‘lou cantareù’ (le chanteur) transformé par l’usage en Cantarel. En 1849, la ligne ferroviaire Marseille-Avignon conduit l’aubergiste a quitté les lieux.

En 1854, une première industrie de jus de réglisse voit le jour à l’initiative de la famille Constantin dans les anciens bâtiments et dénommée MM.Deville et Chavent, liquidée quelques années plus tard.

PAUL FLORENT

Né le 28 novembre 1847 à Avignon, décédé le 25 mai 1908 à Avignon
Marié à Louise Caillavet le 27 septembre 1871

Félicien Florent engage son fils, à ses 18 ans, pour la représentation des produits F.Florent & Cie. Il l’envoie en train à Lyon en novembre 1865 pour son premier voyage avec de nombreuses étapes comme Montélimar pour y vendre des pâtes de réglisse.

Les débuts sont compliqués et son père l’accuse de profiter trop de la vie : “ En seize jours, tu as dépensé 44 francs ; soit 2.75 francs par jour, c’est à dire quatre fois plus que ta paie. “
En 1870, avec la guerre, Paul doit partir en tant que garde mobile, alors que la société est en pleine expansion, même si un peu freinée par la guerre : “Nous n’espérions plus faire grand chose cette année, la plupart des villes où nous expédions le plus étant envahies.”

A son retour, Félicien associe Paul à la direction de l’entreprise qui s’occupe alors de la production et des nouvelles machines.

LA CROISSANCE DE L’ENTREPRISE FAMILIALE

La concurrence s’inquiète des performances de l’entreprise et en arrive souvent à contrefaire ses produits. Elle doit se préserver légalement.

Les pâtes de réglisse, les pastilles et les sirops sont les trois grandes catégories de produits. Les sucs et bois de réglisse ne constituent que des reventes.

En 1873, le CA apporté par les 4 principaux représentants de la société s’élève à 23600 francs contre 332 340 francs en 1882 ce qui montre la croissance de l’entreprise. “ Le travail marche très bien, nous avons en ce moment 68 employés et nous ne pouvons pas suffire.”

Paul Florent va faire édifier une nouvelle usine selon ses propres plans pour loger ses ouvriers. Cet édifice comprenait des dortoirs équipés de lits individuels, un réfectoire pouvant accueillir 200 personnes et une infirmerie.
Il fabrique des machines spécialement conçues, selon ses propres données personnelles, pour booster ses projets d’innovation par la technologie.
La reconnaissance est désormais nationale et même internationale.

L'usine Florent vers 1890

Les ouvriers de l'usine vers 1890

Nous fabriquons tout à la machine à vapeur jusqu'à la pâte finie.

Félicien Florent

ALEXANDRE POIRSON

Né le 16 août 1869 à Maxeville, décédé en 1959
Marié à Léontine Félicie Florent (1876-1964), qu’il épouse le 26 avril 1897
Enfants : Jean en 1898, Jacques en 1899, Magdeleine en 1903 et Marguerite en 1909

En 1908, il prend la suite de l’entreprise à la mort de son beau-père, Paul Florent. Emblématique notable de province de la première moitié du 20e siècle, grand voyageur, Alexandre Poirson est aussi un photographe reconnu.
Il entre à Polytechnique en 1890 où il est deux ans le condisciple d'Albert Lebrun qui sera Président de la République française de 1932 à juillet 1940. Agé de 45 ans en août 1914, il rejoint l'État-Major du Génie du 16e corps d'armée. Il reçoit la Croix de guerre et est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1915, puis officier de la Légion d'honneur en 1930.
A. Poirson a de nombreuses autres fonctions dans les organismes économiques, sociaux et culturels. « Notable de province », de part leur position privilégiée, il s’engageait au service de l’intérêt général. Par exemple, il était :
- membre et administrateur de la Banque de France (1908-1954) et de la Banque populaire (1920-1954),
- membre et vice-président de la Chambre de commerce (1920-1942),
- membre du comité d'organisation de la Foire de printemps puis président (1922-1955),
- administrateur puis Président des Amis de l'apprentissage (1926-1954),
- président du syndicat du canal de l'Hôpital (1920-1954),
- membre de l'Académie de Vaucluse dès 1914,
- membre de la Société des Amis du Palais des Papes,
- animateur de l'École Palatine où il donne des conférences-projections très appréciées du public,
- administrateur du comité départemental de la Croix-Rouge Française (de 1908 à 1944),
- fondateur (septembre 1921) de la Caisse de compensation de la région vauclusienne dont l'objet est de "créer un service d'allocations pour charges de famille en faveur des ouvriers et employés, des adhérents, et assurer entre eux la répartition des charges",
- cofondateur (1933) du "Centre familial ménager" repris dans les années d'après-guerre par la Chambre de Commerce,
- cofondateur avec Blanche Calvet de "l'Avenir des enfants de Vaucluse" dont le but était d'offrir des soins aux enfants infirmes, - fondateur du Rotary d'Avignon en 1929.

Alexandre Poirson, son épouse, leurs enfants et Mme Paul Florent en 1909.

Alexandre Poirson, son épouse et leur famille en 1945.

L’EXPANSION À L'INTERNATIONAL

La fabrique est construite sur le modèle paternaliste de nombreuses usines du XIXème siècle : elle intégrait un espace où étaient logés les ouvriers et les ouvrières (dortoirs, réfectoire, infirmerie, etc.)

L’ensemble devient alors plus qu’un lieu de travail. Il traduit la volonté de disposer sur place d’une main d’œuvre dédiée. Les ouvriers-paysans se partageaient entre les travaux agricoles, aux beaux jours, et l’usine, le reste de l’année, le salaire ouvrier permettant souvent l’achat de matériel agricole.
En grand industriel, voyageur, A. Poirson va renforcer et développer la société dans le Monde entier durant près de 50 ans.

Ce sont ses fils Jacques et Jean qui ont ensuite géré la réglisserie jusqu’à sa fermeture en 1975.

ANECDOTE - LE DOMAINE SAINT-PAUL

La famille Poirson vit d'abord dans une maison agrandie située face au portail d'entrée de l'usine . Vers 1919, elle acquiert auprès des héritiers de l’ancien maire d’Avignon Augustin Pamard, pour s’y établir à leur tour, le domaine Saint-Paul qui jouxte la réglisserie.
Composé d'une ferme, d'une demeure à l'architecture simple et d'un parc à grands végétaux, il a été acheté par l’INRA en 1953.
Alexandre Poirson quitte le domaine dès 1935 pour s’installer dans un hôtel particulier au 15 rue Banasterie, en centre-ville. C’est là qu’il termine sa vie en 1959, à l'âge de 90 ans

LE RACHAT PAR LE GROUPE RICQLES -ZAN

La Réglisserie Florent cesse son activité en novembre 1975 suite à sa fusion avec le groupe Ricqlès-Zan. La production de réglisse avant a fermeture est de 3 660 000 boîtes, 480 000 sachets, 80 000 kg de vrac. Actuellement une partie des locaux a été transformée en restaurant et magasin d’antiquités, sans pour autant dénaturer l'aspect extérieur de la bâtisse